Plus de 1 000 vols par jour pour acheminer le vaccin

L’acheminement des vaccins contre la Covid-19 qui s’organise dans le ciel mondial clôture une année 2020 marquée par un renouveau du fret aérien dans les stratégies des compagnies. Alors que la croissance insolente du transport de passagers avait conduit nombre d’entre elles à délaisser, voire abandonner leurs vols cargo, la crise sanitaire chamboule cet écosystème. Ainsi, L’Iata, l’association internationale qui regroupe 290 entreprises dans le secteur du transport aérien, contribue à remettre en avant une activité qui, depuis le début des années 2000, basculait au fond des soutes des avions passagers, souvent utilisée comme variable d’ajustement pour rentabiliser des billets vendus toujours moins chers aux voyageurs. L’Iata estime que plus de 1 000 vols quotidiens seront nécessaires pendant deux semaines pour livrer la première vague de doses de vaccins dans le monde entier, via 8 000 gros-porteurs. Parmi les mieux placés pour rafler ces marchés exigeants, se trouvent les compagnies et aéroports que l’association a certifiés CEIV-Pharma (Center of Excellence for Independent Validators), devenue la norme internationale de référence dans le transport de produits pharmaceutiques, en particulier des vaccins. À Paris-Charles-de-Gaulle, qui compte plus de 3 500 mètres carrés d’entrepôts de stockage des produits thermosensibles entre + 2 °C et + 8 °C, plusieurs membres de l’association Air Cargo France (Acfa) sont certifiés. L’Acfa qui regroupe les professionnels du fret sur la plateforme a entamé une réflexion pour accroître la rapidité et la sécurité du traitement des flux de vaccins. Ses membres cherchent notamment à accélérer le temps de transit des doses entre les camions et les avions, ainsi que les procédures de dédouanement. Ainsi, la crise sanitaire de 2020 marque sans aucun doute un retour en grâce du fret aérien dans les stratégies des compagnies mondiales. Certaines d’entre elles ont rapidement admis que la reprise du trafic passagers serait lente et on parle déjà de 2024 pour retrouver le niveau de 2019. Dans une note de conjoncture publiée le 1ère décembre dernier, l’analyste du cabinet britannique Global-Data, Rinaldo Pereira, observe en effet que dans le marasme, des compagnies sont parvenues à se maintenir à flot, en misant très vite sur le fret pour soutenir leur activité. Il y a eu d’abord le transport de blouses et de masques au printemps, pour protéger les populations contre la maladie. Puis ce sont les tests qui ont massivement mobilisé. Début octobre, la compagnie coréenne mettait en place une Task-force pour organiser l’acheminement de vaccins, valorisant son savoir-faire et ses infrastructures pour transporter le plus rapidement possible un produit éminemment sensible, tant en ce qui concerne sa conservation au froid que les conditions de son transport. Outre le fret de Korean qui figure parmi les dix premières compagnies aériennes mondiales pour ce qui est du transport de fret, juste derrière les expressistes Fedex et UPS, d’autres majors ont remobilisé leurs équipes autour du fret cette année. Selon Global-Data, cela a permis à Lufthansa, par exemple, d’accroître sensiblement ses bénéfices sur ce segment au troisième trimestre. Les revenus du fret de la compagnie allemande ont progressé d’environ 4 % au cours des neuf premiers mois de 2020, par rapport à la même période en 2019. Chez son homologue américaine United Airlines, ils ont augmenté de près de 50 % au troisième trimestre 2020 par rapport à 2019.

Nadine Oumakhlouf

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