Casbah d’Alger : un patrimoine historique en quête d’un salut salvateur

La casbah d’Alger qui recèle des sites historiques ancestraux tombe régulièrement en ruine. Les aléas du temps et le manque d’une prise en charge adéquate en sont pour quelque chose. Ce site a été, pourtant, classé patrimoine universel en 1992 par l’Unesco. Néanmoins, cette distinction ne lui a pas encore permis de reconquérir son lustre d’antan alors qu’une somme d’argent estimée à 2400 millions de dinars a été dégagée, depuis l’indépendance, pour sa restauration. Une mission qui a été confiée à la wilaya d’Alger. Toutes les actions entreprises jusqu’à présent n’ont pas abouti aux résultats escomptés et ce, pour plusieurs raisons. Selon des responsables du secteur de la culture, parmi les obstacles rencontrés sur le terrain, il y’a lieu de citer le squat des lieux dont 30% des locataires sont des indus occupants. En effet, à chaque fois qu’une bâtisse tombe en ruine, les locataires sont relogés dans de nouveaux logements et les portes des maisonnettes scellées. Mais pas pour longtemps puisqu’elles sont ensuite vite récupérés illégalement par d’autres. Les intrus occupent des maisons en ruine avec tous les risques majeurs qu’ils encourent leur but étant de bénéficier d’un logement neuf.
L’autre obstacle réside dans le fait que la majorité des maisons sont des propriétés privées ou relevant des biens wakfs, hormis les palais, ce qui cause un problème et non des moindres pour l’action de sauvegarde. Il semble que la question n’est pas une mince affaire, « c’est une opération très coûteuse pour l’État et la législation algérienne ne permet pas de prendre en charge la restauration à 100% » selon une récente déclaration publique d’une représentante du secteur de la culture. Les habitants de la casbah quittent leurs maisons, au fur et à mesure, en raison de la dégradation continuelle des bâtisses. Ce haut lieu d’Alger a tendance à perdre sa substance humaine soit la mémoire collective que constituent toutes les habitudes ancestrales de cette partie de la capitale.
La conjugaison des efforts de tous est nécessaire
Le gouvernement a donc opté pour une stratégie globale regroupant tous les secteurs concernés ainsi que la société civile pour la sauvegarde de ce patrimoine culturel du point de vue matériel et immatériel.
Pour le chef de cabinet du ministère de la culture, Noureddine Athmani la casbah a été « prise en charge d’une manière ou d’une autre » depuis son inscription par l’Unesco comme patrimoine mondial et « un plan permanent de sauvegarde » qu’on peut réviser tous les cinq ans a été mis en place et adopté en 2011. « Beaucoup d’efforts ont été consentis depuis, et bien avant » dont des travaux de confortement », précise-t-il, pour illustrer les tentatives de restauration menées jusqu’à maintenant. Dans ce cadre, il a été créé l’agence nationale des secteurs sauvegardés (ANSS) sous tutelle du ministère de la culture pour la mise en œuvre de ce plan à commencer par l’identification du patrimoine national, dont 700 bâtisses ont été recensées à la casbah d’Alger. A quelques jours de la présentation du rapport sur la casbah (le 15 décembre) à l’Unesco et malgré les moyens financiers et humains colossaux (architectes restaurateurs qualifiés, ingénieurs…) ayant été engagés, la casbah d’Alger peine à retrouver l’image dont elle jouissait à l’époque ottomane. Le travail de restauration est « plus pénible qu’une construction nouvelle », argumente le représentant du secteur de la culture pour dire toute la difficulté que connait un travail de confortement et de sauvegarde. Il faut dire qu’avec l’altération des sites historiques nous perdons une structure urbaine et communautaire à la valeur inestimable.
Le ministre du Tourisme, de l’Artisanat et du Travail familial, Mohamed Hamidou avait affirmé, pour sa part, que la prise en charge sérieuse de tous les monuments archéologiques, culturels et historiques que recèle l’Algérie, “nécessite la conjugaison des efforts” de tous les acteurs pour en faire une source de croissance touristique et économique.
Hamida C