L’Algérie plaide pour un « Plan Marshall »

Avec 3 000 agences de voyages et de tourisme fermées, dont 1 000 agences dans le Grand-Sud, ce sont 150 000 emplois qui sont menacés par la crise sanitaire dans ce secteur névralgique.

L’Assemblée générale de l’Association mondiale pour la formation hôtelière et touristique (Amforht) aura lieu aujourd’hui en visioconférence internationale à l’Ecole supérieure de l’hôtellerie et de restauration, relevant du centre international des conférences (CIC). C’est ce qu’a annoncé, hier, Said Boukhelifa, délégué pour l’Algérie, membre du bureau exécutif et membre du Conseil d’administration de l’Amforht. Lors de cette réunion internationale, les membres de ladite association poseront le problème des agences de voyages et de tourisme (ATV) et l’avenir du secteur du tourisme, un secteur secoué par la crise sanitaire. Du côté algérien, M. Boukhelifa, également président du Syndicat national des agences de voyages (Snav), devra poser le problème des 3 000 agences de tourisme et de voyage exerçant en Algérie et qui ont fermé à cause du coronavirus, une pandémie qui a contraint l’Algérie à fermer le ciel. Dès lors, l’Amforht reviendra sur la nécessité de l’adoption d’un plan de sauvetage du secteur paralysé par la crise sanitaire, l’application d’exonérations fiscales et bancaires et la création d’un fonds de garantie pour aider les agences impactées par les crises. Il faut noter que le Snav avait déjà proposé le cadre de ce plan avec, notamment, l’exonération totale des agences des impôts pendant l’année en cours, mais également de toutes charges sociales, comme les cotisations sociales en raison de l’arrêt total de l’activité. A travers cette assemblée générale, les participants développeront un plan qui prévoit également des aides financières aux agences éprouvant des difficultés à continuer de payer le loyer des locaux de leurs activités ainsi que l’ajournement du paiement des échéances bancaires pour les opérateurs ayant recouru à l’emprunt avec l’annulation des taxes résultant de l’ajournement. Il faut savoir que le secteur du tourisme compte parmi les secteurs les plus impactés par la pandémie du coronavirus. Les mesures de prévention et du confinement ont causé l’arrêt total de l’activité de plus de 3 000 agences de tourisme et de voyage exerçant en Algérie. En ce sens, M. Boukhelifa n’a pas cessé de relever que le chiffre d’affaires du secteur avait connu un recul considérable durant les deux dernières années, dû à plusieurs facteurs dont le manque de liquidité, la hausse des prix des produits de base, l’instabilité politique et la distribution des logements, toutes formules confondues, ce qui a amené les clients à faire des économies et à sacrifier les dépenses de luxe, dont le tourisme et voyages. Mais, à première vue, cette assemblée devra aborder la coopération internationale entre les agences de voyages et de tourisme avec la perspective d’une reprise graduelle de l’activité. C’est ainsi que cette assemblée devra plaider pour un véritable plan Marshall pour sauver le tourisme. D’autant que cette assemblée intervient au moment où le tourisme saharien devait reprendre son activité avec la reprise des vols domestiques par Air Algérie. L’impact de la crise sur ce secteur est dramatique, surtout pour les agences du Sud qui ne travaillent que l’hiver/printemps. Selon les dernières données, ces agences, au nombre de 1 000, sont pénalisées d’attendre une probable reprise en 2021. Du reste, l’impact de la crise menace 150 000 emplois. Tous les secteurs sont touchés, dont l’hôtellerie, les ATV, les autocaristes de tourisme, les compagnies aériennes, les restaurateurs et l’artisanat. A titre illustratif, les ATV du Sud qui nourrissent 2 à 3 familles qui étaient déjà dans un état précaire sont dans l’estocade. Pour les ATV spécialistes Hadj/Omra, beaucoup ont perdu énormément d’argent. Les petites et moyennes vont sombrer, et les grandes vont résister grâce à leur trésorerie bien fournie. Du coup, le Snav plaidera pour diagnostic précis sur la situation catastrophique, qui sera soumis à la fin de la pandémie, au sortir du confinement. « Au moment opportun, nous conseillons aux pouvoirs publics d’injecter un véritable plan Marshall afin d’aider les opérateurs publics, tous secteurs confondus, et en détresse financière, à rebondir, ne pas mettre au chômage leurs employés, et participer à la relance économique et à sa bonne croissance. Nous proposons aussi le gel des impôts et des taxes sur une année, l’octroi de crédits bancaires à un faible taux, etc. À défaut, ce serait la banqueroute générale de notre économie déjà chancelante », ne cessait de plaider M. Boukhelifa.

Nadine Oumakhlouf

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