Attroupements et activité informelle en pleine pandémie

La station de taxis inter wilayas de Caroubier est fermée depuis des mois pour éviter le risque de contamination au coronavirus. Le transport des voyageurs est, depuis, assuré par des clandestins, mais dans l’anarchie la plus totale. Une virée dimanche sur les lieux nous a laissés pantois.
En l’absence des autorités concernées, censées veiller sur le respect des consignes sanitaires, ce lieu public risque, s’il ne l’est pas déjà, de se transformer en un véritable cluster.
Et pour cause, le laisser-aller et tel que l’on oublie qu’on traverse une crise sanitaire qui fait de nombreux morts et hospitalisations. En fait, si les «taxieurs» clandestins sont garés en dehors de la station urbaine, celle-ci est, néanmoins, ouverte en partie aux usagers. Un espace a été même aménagé en mossala (salle de prière). Deux tapis y ont été posés et des dizaines de pratiquants s’y relayaient pour accomplir leurs prières.
Le dispositif préventif décidé par l’Etat est tout bonnement ignoré. Ni la consigne d’utilisation d’un tapis personnel ou la mise à la disposition des pratiquants de gel hydroalcoolique ne sont respectées.
Ainsi, des citoyens en partance pour différentes wilayas du pays font la prière sur le même tapis avec tous les risques que cela comporte. Autre irrégularité, la présence sur place d’un vendeur «au noir» de sandwichs, qui attire de nombreux voyageurs, dont la plupart se soucient peu des règles d’hygiène contre la pandémie.
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Certains ne portaient pas de bavettes pour pouvoir manger, et ce, dans un espace réduit.Le pire, c’est que les transporteurs clandestins ne facilitaient pas les choses malgré les tarifs salés imposés à leurs clients. Faisant fi des règles de distanciation physique, ils n’hésitaient pas à faire le plein, en transportant quatre personnes (un devant et trois derrière).
En attendant l’arrivée des passagers, les chauffeurs, rassemblés tout le long de la voie mitoyenne à la station urbaine, attirent des centaines de citoyens, de toutes les régions et wilayas du pays. «Si les taxis étaient de service et que la station a été ouverte, l’organisation serait meilleure, les prix moins cher et le risque de contagion du Covid moins importante», estime un citoyen, qui attendait impatiemment un départ pour Tizi Ouzou. «Je fais attention pour ne pas choper le virus. Mais en arrivant ici, je perds tout contrôle à cause de l’anarchie régnante», s’est-il plaint.
Tout en relevant la grande utilité de ces taxis clandestins pour la circulation des personnes non véhiculées, notre interlocuteur pointe du doigt le laisser-aller des autorités publiques. «Ils auraient bien pu ouvrir la station de taxis, autoriser les transporteurs réguliers, tout en imposant un protocole sanitaire», souligne un autre citoyen venu avec sa femme. «Parmi les transporteurs, il y a beaucoup de taxis, qui se sont reconvertis en clandestins pour pouvoir exercer.
Ils gagnent beaucoup plus qu’en temps normal…», explique-t-il, ajoutant que le seul perdant de cette situation est le simple citoyen qui doit payer plus cher sans, en contre partie, bénéficier du minimum qui n’est plus le confort mais la sécurité en ces temps d’épidémie.
ADIM.E