Désignés dans le sillage des arrestations des patrons accusés de corruption Fin de mission pour les administrateurs judiciaires

Nommés dans le cadre des enquêtes judiciaires ouvertes à l’encontre de certains hommes d’affaires, propriétaires de sociétés impliqués dans les scandales de corruption, les administrateurs avaient été engagés par la justice dans le souci d’assurer la pérennité des activités desdites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d’emploi et d’honorer leurs engagements envers les tiers. Selon les termes de l’ordonnance signée par le juge enquêteur, ces administrateurs ont été chargés de la gestion des entreprises en question conformément aux dispositions du code de commerce et du code de procédure pénale. Au final, ces experts financiers n’ont fait long feu et la justice a décidé de les relever de leurs fonctions. Brahim Mebarki du groupe Tahkout, Abdelhak Benallegue du groupe ETRHB (Haddad) et Moncef Feraguena du groupe KouGC des frères Kouninef viennent d’être limogées de leurs postes, ainsi, ils seront remplacés par des managers. Le groupe Amenhyd sera géré par Karim Hasni, alors que les groupes Condor et Sovac (Oulmi) seront respectivement gérés par Benali Drici et Nasser Chareb. En outre, Salem Ait Youcef et Lamine Sedrati sont proposés au niveau des groupes Melzi et GM Trade (Mazouz). Quant à Globale Groupe (Larbaoui) et Ival (Bairi), ils seront managés par Kamel Kaid Kasbah et Mourad Dris. Enfin, le groupe Kherbouche sera géré par Sofiane Guermouche. Pour rappel, désignés par le juge enquêteur saisi des dossiers des sociétés appartenant aux patrons d’entreprises arrêtés pour corruption, les administrateurs judiciaires, tous des experts financiers agréés, ont fait l’objet d’une mise de fin de fonction. Cette mesure de limogeage intervient après que la police judiciaire relevant de la Section de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab Jdid a ouvert une enquête à la demande des avocats des hommes d’affaires incarcérés dans le cadre des affaires de corruption. Du coup, ces derniers seront remplacés par des managers issus du secteur public, mais jouiront du statut d’administrateurs judiciaires. Il y a deux mois, ces informations avaient circulé sur un prétendu départ de ces administrateurs pour permettre à ces entreprises de retrouver leur liberté d’entreprendre. Une manière de dégoupiller la situation et de permettre à ces entreprises de souffler, d’autant qu’à l’instar de toutes les sociétés, elles aussi, elles ont été très impactées par la crise sanitaire provoquée par la Covid-19. Mais, rien n’a filtré sur le devenir de ces entreprises à terme. D’où l’inquiétude des travailleurs qui s’interrogent si leurs entreprises seront nationalisées ou feront l’objet d’un partenariat public-privé. Mais, une chose est sure, affirment nos sources, ces managers ont été instruits de sorte à préserver les emplois et à fixer leurs objectifs en perspective d’une reprise d’activité pour l’année 2021. L’information était déjà dans l’air depuis quelques semaines quand le gouvernement avait évoqué, lors d’une réunion restreinte, les contraintes que rencontrent les cadres des entreprises touchées par cette mesure. C’est le cas des groupes appartenant aux hommes d’affaires Ali Haddad (ETRHB), Mohamed Bairi (Ival), Mahieddine Tahkout (Cima Motors), les frère Kouninef (KouGC) ou encore Mourad Oulmi (Sovac) où des administrateurs judiciaires avaient été désignés pour la gestion des affaires courantes. Nommés sur le feu de l’action, ces administrateurs n’avaient pas fait l’unanimité chez les hommes de loi, encore moins chez les employés de certaines entreprises qui voyaient dans la gestion administrative des affaires courantes une contrainte majeure, notamment dans le domaine lié à la gestion financière, la commande, les recouvrements, la prise de décision, l’esprit d’initiative ou encore la gestion des relations publiques. La peur qui a longtemps régné au niveau de ces entreprises a fini par fermer les horizons pour beaucoup de travailleurs qui ont recouru à des sit-in ou encore à des organisations syndicales pour préserver leurs droits. Pis encore, dans certaines entreprises, les employés percevaient leurs salaires au compte-goutte au point d’investir la rue pour revendiquer leurs droits primitifs. Mieux, d’autres entreprises ont fait l’objet de plans de départ et de compression d’effectifs, à l’image du groupe Sovac.
Nadine Oumakhlouf