L’emblème national remis à la famille d’Ali Boumendjel

L’ambassadeur Mohamed-Antar Daoud a rappelé le parcours de lutte de feu Ali Boumendjel qui « aura résisté aux pires exactions qui soient sans jamais trahir, ni renoncer à son idéal pour son pays ».
L’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a remis, à Paris, au nom du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’emblème national aux membres de la famille d’Ali Boumendjel lors d’une cérémonie d’hommage et de recueillement, organisée au siège de l’ambassade d’Algérie. Cette cérémonie d’hommage et de recueillement, organisée en présence d’anciens moudjahidine de la Fédération de France du FLN, des chefs de poste consulaire dans la région Ile-de-France et de l’ensemble du personnel diplomatique et administratif de l’ambassade, intervient quelque jours après la reconnaissance par l’Etat français de la torture et de l’assassinat du Chahid Boumendjel. La cérémonie solennelle a été marquée par l’observation d’une minute de silence, suivie de l’hymne national et de la lecture de la Fatiha du Saint Coran. Lors de cette occasion qui se veut également un moment de commémoration des sacrifices des valeureux martyrs, l’ambassadeur Mohamed-Antar Daoud a prononcé une allocution dans laquelle il a rappelé le parcours de lutte de feu Ali Boumendjel qui « aura résisté aux pires exactions qui soient sans jamais trahir, ni renoncer à son idéal pour son pays ». Mettant en valeur les qualités de ce « Moudjahid exemplaire », il a salué la mémoire d’un homme au « courage et stoïcisme sans limite ». Le diplomate algérien a également mis en exergue le combat de la regrettée Malika Boumendjel, veuve du Chahid, ayant lutté sans relâche, des années durant, pour que soit élucidée la vérité sur les circonstances de la mort de son mari, quittant ce monde sans qu’elle puisse vivre avec les siens ce grand moment de confirmation officielle. Par ailleurs, l’ambassadeur d’Algérie a souligné que « l’exigence de vérité et de reconnaissance de responsabilité a été clairement revendiquée par le président Abdelmadjid Tebboune qui, de façon constante, a insisté en totale communion avec le peuple algérien, sur le fait que la qualité et la pérennité des relations algéro-françaises ne sauraient s’accomplir pleinement sans prise en compte de l’histoire et de la question mémorielle, à propos de laquelle nulle renonciation ne saurait être envisagée ». Saluant certaines avancées symboliques enregistrées au chapitre mémoriel, notamment la restitution des restes mortuaires des premiers résistants algériens ou bien encore la reconnaissance de la mort sous la torture de Maurice Audin, M. Daoud a affirmé que « beaucoup reste à accomplir alors que 2022 marquera le 60e anniversaire de notre glorieuse indépendance ». Il a cité, à ce titre, quelques chantiers restant ouverts, tel ceux des archives, des disparus et des essais nucléaires au Sahara. « Le peuple algérien demeurant fidèle au legs sacré de nos Chouhada, reste déterminé à surmonter tous les obstacles et difficultés dans sa marche vers un avenir meilleur », a souligné l’ambassadeur, mettant l’accent sur le rôle désormais dévolu à la jeunesse et à la femme algériennes appelées à s’impliquer politiquement dans l’édification de l’Algérie nouvelle que le président de la République s’est engagé à concrétiser. Dans ce cadre, il a rappelé que « les Algériens auront à réaffirmer, lors des prochaines législatives, cette volonté de poursuivre le processus de renouveau national sur les valeurs de transparence et de confiance, bannissant à jamais les tentatives de corruption, tel que cela a été revendiqué par le Hirak El Moubarek et promis par le Chef de l’Etat ».
François Gouyette : « réconcilier les mémoires »
Le même jour, l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, a affirmé lundi à Constantine que « les français souhaitent travailler avec les algériens sur le chemin de la réconciliation des mémoires ». « La démarche entreprise récemment par le président Emmanuel Macron qui a reconnu, au nom de la France, que l’avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien, Ali Boumendjel a été torturé puis assassiné par l’armée coloniale pendant la guerre de libération, s’inscrit dans le cadre des efforts déployés pour dépasser les antagonismes mémorielles entre français et algériens », a précisé le diplomate. S’exprimant au cours d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion de travail tenue avec des opérateurs économiques au siège de la Chambre de commerce et d’industrie Rhumel (CCIR) de Constantine, M. Gouyette a souligné que « l’initiative mémorielle du président Macron, s’agissant de l’assassinat d’Ali Boumendjel en 1957, s’inscrit dans le cadre de la démarche de reconnaissance des faits historiques », estimant « très important de connaître et de reconnaître les faits historiques tels qu’ils se sont produits ». « L’Algérie a pris acte avec satisfaction de la décision du Président français, Emmanuel Macron », a également rappelé M. Gouyette, assurant que « le président français veut vraiment bâtir une relation sereine, dynamique, positive et constructive avec l’Algérie, aller de l’avant et pousser la coopération dans un esprit constructif et amical ». S’agissant des perspectives de développement des relations économiques et commerciales entre la France et l’Algérie, en particulier Constantine, le diplomate a indiqué que « cette wilaya est à la pointe dans les domaines pharmaceutique et agroalimentaire », deux spécialités qui « pourraient intéresser les français », a-t-il ajouté. Qualifiant la France de « grand partenaire de l’Algérie » et un « investisseur important », M. Gouyette a souligné que des efforts étaient en cours pour « encourager le mouvement d’investissement dans les deux sens et essayer de favoriser les rapprochements et les synergies en mettant en relation les entreprises françaises et algériennes, notamment les petites et moyennes entreprises (PME) ». Le diplomate français, qualifiant l’université des frères Mentouri de Constantine de « fleuron des universités algériennes », a fait part d’un important programme de coopération universitaire entre l’Algérie et la France. François Gouyette a été reçu dans le cadre de sa visite à Constantine par le wali, Saci Ahmed Abdelhafid, avec qui il a échangé à propos de la coopération algéro-française en présence du président de l’Assemblée populaire communale (APC) de Constantine. L’ambassadeur de France a également visité l’université des Frères Mentouri et s’est rendu sur des lieux historiques et mémoriels de la ville, comme le Monument aux morts où il a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des morts de la 1ère Guerre mondiale, ainsi qu’au cimetière chrétien.
Nadine Oumakhlouf