RSF : « Le journaliste lamine Haddi est en danger de mort »

« Le supplice de Mohamed Lamine Haddi n’a que trop duré. Il est temps d’y mettre un terme et de sortir de l’oubli un journaliste (…) qui est en grève de la faim depuis plus de deux mois », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
Reporters sans frontières (RSF) a appelé à la libération du journaliste Sahraoui Mohamed Lamine Haddi, emprisonné depuis dix ans au Maroc, et qui est, selon l’ONG « en danger de mort » à la suite d’une grève de la faim. « Nourri de force après une grève de la faim de 78 jours, le journaliste sahraoui (…) est dans un état de santé particulièrement préoccupant », affirme RSF, appelant à « faire prévaloir le principe d’humanité et à le libérer au plus vite ». Mohamed Lamine Haddi, a été condamné à 25 ans de prison en 2013, mais incarcéré le 20 novembre 2010 à la suite de la répression des forces d’occupation marocaine à Laâyoune lors de la manifestation durement réprimée de Gdeim Izik. Le journaliste injustement incarcéré et lourdement condamné, a « entamé une grève de la faim illimitée le 13 janvier pour dénoncer les mauvais traitements dont il fait l’objet’ », ajoute RSF, selon laquelle « ‘il est nourri de force par une sonde nasogastrique depuis la semaine dernière ». « Le supplice de Mohamed Lamine Haddi n’a que trop duré. Il est temps d’y mettre un terme et de sortir de l’oubli un journaliste (…) qui est en grève de la faim depuis plus de deux mois », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, cité dans un communiqué. Ce journaliste « est aujourd’hui en danger de mort, il doit être au plus vite libéré. Nous lançons un appel d’urgence pour que les autorités marocaines mettent fin à son calvaire », a pressé M. Deloire. M. Haddi avait été arrêté après avoir couvert la charge disproportionnée et inique des forces marocaines contre les sahraouis au camp de Gdeim Izik, à 12 km de Laâyoune occupée, le 8 novembre 2010, rappelle-t-on. Cette « énième » agression, condamnée par les ONG de défense des droits de l’Homme, contre des civils sahraouis sans défense s’était soldée par l’arrestation de vingt-trois militants sahraouis, qui ont été ensuite condamnés par un tribunal militaire marocain en 2013 à des peines très lourdes, allant de 20 ans de prison à la perpétuité. Avant RSF, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell a indiqué que l’UE suivait l’état de santé et les conditions générales de détention des membres du camp Gdeim Izik, faisant savoir que l’organisation européenne à Rabat a suivi de près les procédures civiles de l’affaire concernant ces détenus sahraouis.
Les eurodéputés se mobilisent contre la répression
« L’UE suit l’état de santé et les conditions générales de détention des détenus du camp Gdeim Izik à travers ses contacts réguliers avec les organisations locales (marocaines) et internationales des droits de l’Homme », a affirmé Josep Borell en réponse à la question écrite formulée par les deux eurodéputés espagnols, Manu Pineda et Sira Rego du groupe de la Gauche (GUE/NGL) sur la situation du prisonnier sahraoui, Mohamed Lamine Haddi. Josep Borell a, en outre, précisé que « l’UE a également soulevé cette affaire directement auprès du Conseil marocain des droits de l’Homme qui l’a informé de son intention de rendre visite à Lamine Haddi pour vérifier son état directement », ajoutant que « la Délégation de l’UE à Rabat, agissant en qualité d’observateur, a suivi de près les procédures civiles de l’affaire concernant ces détenus ». L’eurodéputé, Manu Pineda a, une nouvelle fois, interpellé la Commission européenne par le biais d’une question écrite, pour dénoncer la répression marocaine des militants sahraouis. Il a cité, entre autres, « les brutalités policières contre Sultana Khaya et sa famille, les arrestations arbitraires, les enlèvements temporaires comme ceux de Ghali Buhala et Mohamed Nafaa Butasutra, et les mauvais traitements en prison comme celui infligé à Mohamed Lamine Haddi ». Dans ce contexte, il a précisé que « plusieurs ONG demandent que des mesures urgentes soient prises en réponse à la situation alarmante de Lamine Haddi qui observe une grève ouverte de la faim ». D’autre part, l’eurodéputé s’est interrogé sur la responsabilité de la Commission européenne quant à la situation qui prévaut actuellement au Sahara occidental occupé. Soulignant le statut du Maroc comme « partenaire privilégié » de l’UE, M. Pineda s’est demandé si la commission de l’UE “compte condamner l’escalade de la répression au Sahara occidental et s’est interroger sur les raisons pour lesquelles l’exécutif européen n’a pas suspendu, à ce jour, l’accord d’association UE-Maroc, au titre duquel le respect des droits de l’Homme est une priorité essentielle alors que le Maroc ne respecte pas ses droits ». Enfin, l’eurodéputé s’est également demandé si la délégation de l’UE à Rabat entend rendre visite à Mohamed Lamine Haddi en prison, pour évaluer son état de santé et les conditions de sa détention. A noter que le Comité suisse de soutien au peuple sahraoui a fortement critiqué la position du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) face aux crimes perpétrés par le Maroc au Sahara Occidental et à la situation déplorable des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les geôles marocaines.
Silence intrigant de la Croix-Rouge
Dans une lettre adressée au CICR, le Comité suisse de soutien au peuple sahraoui s’est indigné du non-respect par cette organisation du principe fondamental de sa mission. La lettre du Comité suisse de soutien au peuple sahraoui, rapportée par l’agence de presse sahraouie (SPS), a mis en avant la situation déplorable des droits de l’Homme dans les territoires occupés ainsi que la recrudescence des crimes et des incarcérations de civils sahraouis. Le Comité suisse a également évoqué les représailles contre les détenus politiques sahraouis, à l’instar de Mohamed Lamine Haddi qui a été placé en isolement. Face à cette préoccupation croissante à l’égard de la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés, le Comité suisse de soutien au peuple sahraoui a appelé le CICR à rendre visite, sans plus tarder, au détenu politique Mohamed Lamine Haddi en grève de la faim, pour s’enquérir de son état de santé et à faire pression sur le Maroc concernant ses conditions de détention, contraires aux conventions internationales.
Nadine Oumakhlouf