Journée internationale de la presse : « Les médias traversent une situation difficile »

Comme les autres pays du monde, l’Algérie célèbre aujourd’hui la journée internationale de la liberté de la presse qui coïncide avec le 3 mai de chaque année. A cette occasion, des spécialistes universitaires et des professionnels du secteur de la communication appellent à la révision des critères et les normes du service public afin de les adapter avec les mutations de l’heure et à la lumière de la numérisation tout azimut que connait le monde médiatique, en évoquant les difficultés que rencontre la presse aujourd’hui, dans ce contexte de crise sanitaire.
En effet, l’universitaire Cherif Dris, enseignant à l’Ecole supérieure du journalisme et des sciences de l’information d’Alger, a estimé que les  médias traversent actuellement une « période difficile », à l’instar de ce qui se passe dans le monde, en raison des répercussions du Coronavirus, mais la presse-papier reste, selon lui, la plus impactée par cette crise.
Pour lui, le secteur connait des problèmes d’organisation et de régulation et ce, en dépit de la promulgation d’une série de lois, préconisant l’intervention de l’Etat à travers, notamment, la publicité institutionnelle, mais avec des règles clairement définies.
Concernant la presse électronique, il a estimé que les textes doivent être clarifiés et un travail mené en profondeur pour promouvoir ce genre de médias.
De son côté, Laïd Zeghlami, spécialiste des médias, estime que la prolifération des  chaînes de télévision et des sites électroniques ne doit pas occulter les questions du contenu et de la qualité de l’information qui se pose avec acuité.
Il a ajouté qu’il y avait l’émergence de médias sociaux dont la popularité prend de l’ampleur, mais le contenu manque de crédibilité et de véracité, ce qui pose un problème d’éthique et de déontologie.
Pour lui, il y a lieu de revoir de fond en comble les normes, les critères et les notions du service public à travers l’actualisation et la mise à niveau du cahier des charges destiné à ces médias pour l’adapter aux
exigences de l’heure et à la lumière du contexte de globalisation et de numérisation que connait le secteur.
Evoquant le champ audiovisuel, le même  spécialiste a appelé à la nécessité de la mise en place d’autorités indépendantes de régulation qui camperont un rôle d’arbitre. Selon lui, une réorganisation de la presse électronique s’impose avec l’édification de plates-formes algériennes et un contenu local en vue de « sauvegarder et préserver notre souveraineté numérique ».
Pour sa part, le directeur du journal La Nouvelle République, Abdelwahab Djakoun, a plaidé pour la sauvegarde des acquis liés à la presse écrite qui constitue, a-t-il dit, « l’un des garants de la crédibilité » de
ce secteur, en adoptant une approche associant les professionnels du secteur, pour assurer les missions de service public et la moralisation de la vie publique. Il a expliqué que la véritable démocratie est assurée par
une presse libre, laquelle a besoin d’une aide de l’Etat, appelant, par la même occasion, à l’ouverture d’un vrai débat devant permettre de tracer les perspectives des médias en  Algérie.
« Il faut discuter du statut de la presse et revoir son fonctionnement, en mettant en place un nouveau modèle économique et médiatique assurant les missions nobles de service public », a-t-il souligné.
 
Fateh H.

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