Agriculture L’Algérie récolte sa première « culture stratégique »

Pour assurer une partie de son indépendance alimentaire, l’Algérie se dirige vers l’agriculture stratégique. Elle va connaître, pour la première fois et de manière expérimentale, la récolte du Colza. Ce sera dans la wilaya de Oued-Souf.
Selon le ministère de l’Agriculture, le coup d’envoi de la campagne de moisson du colza, qui entre dans la production de l’huile de table, va commencer aujourd’hui. Pour cette première campagne, une superficie de plus de 3000 hectares a été consacrée à la culture du colza dont près de 1000 ha ont été réservés à la production de la semence en vue d’assurer les besoins des campagnes à venir, a fait savoir le communiqué.
Selon le ministère, la culture du Colza avait suscité un engouement chez les agriculteurs notamment les céréaliers qui l’ont introduite pour faire l’assolement avec les céréales et résorber ainsi la jachère, et ce, à travers 29 wilayas. Cette première campagne a connu, aussi, une mobilisation accrue des services du secteur qui ont assuré un accompagnement technique adéquat aux agriculteurs depuis les semis jusqu’aux moissons, a ajouté le communiqué.
« Toutes les conditions sont réunies pour accueillir la récolte dont la mobilisation de moissonneuses batteuses adaptées à la culture du colza, des points de collecte par wilaya ainsi que des moyens logistiques permettant le transfert de la production vers les unités de transformation”, a noté le ministère, tout en assurant que des comités de pilotage ont été installés au niveau central et local afin de suivre l’opération sur le terrain.
Afin de réussir cette « première campagne dans l’histoire du secteur”, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhamid Hemdani, a donné des instructions pour accompagner les agriculteurs, a-t-on également précisé.
Selon les spécialistes, cette première expérience de la culture du Colza a donné au niveau de cette exploitation expérimentale un rendement de 27 quintaux à l’hectare, jugé “très encourageant”, à considérer le fait qu’elle est menée sur un sol sablonneux “pauvre” et sans fertilisant organique ou chimique, expliqué Ahmed Allali, spécialiste en agronomie saharienne.
Le résultat est tout aussi “honorable” comparativement aux rendements obtenus dans les pays voisins, à savoir entre 30 et 40 quintaux/hectare, sur des sols non sablonneux et avec un apport en fertilisants (organique et chimique), a ajouté la même source. M.Allali a fait savoir, par ailleurs, que tout au long du processus expérimental de culture du Colza cette saison, l’accent a été mis sur l’importance de prévoir ce genre cultural dans le cycle agraire dans le
Sud, en vue de réhabiliter les terres dégradées et “appauvries” et de fertiliser les sols et les rendre productifs, sachant que la wilaya d’El-Oued en compte à elle seule quelque 60.000 hectares.
Le colza fait partie des cultures industrielles stratégiques (oléagineuses, sucrières, maïs) que compte développer l’Algérie dans les quatre prochaines années en vue de réduire ses importations notamment en huiles alimentaires, en sucre et en aliment de bétail.
Un programme de développement de ces cultures a été inscrit dans la feuille de route du secteur pour la période 2020-2024, a souligné le ministère.
Saïd Sadia