Tebboune s’engage pour une «République nouvelle»

Pour sa première sortie médiatique après son élection jeudi dernier, Abdelmadjid Tebboune a invité les acteurs du mouvement populaire (Hirak) à “un dialogue sérieux” pour l’intérêt de l’Algérie, tout en s’engageant à opérer une “profonde réforme” de la Constitution en associant les différents acteurs concernés.”Je m’adresse directement au Hirak, que j’ai à maintes reprises qualifié de béni, pour lui tendre la main afin d’amorcer un dialogue sérieux au service de l’Algérie et seulement l’Algérie”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle.”Le Hirak qui a permis l’émergence de plusieurs mécanismes”, à l’instar de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) “a remis l’Algérie sur les rails de la légitimité, la préservant ainsi de l’aventurisme et des manœuvres qui ont failli torpiller le peuple algérien”, promettant d’œuvrer à “rendre justice à toutes les victimes de la “Issaba” (bande criminelle).”Il est temps de concrétiser les engagements pris lors de la campagne électorale, sans aucune exclusion ou marginalisation, ni intention de vengeance”, a-t-il soutenu, soulignant qu’il œuvrerait avec “toutes les parties pour tourner la page du passé et aller vers une Nouvelle République avec un nouveau esprit et une nouvelle approche». Le Président élu a saisi cette occasion pour rendre hommage à l’Armée nationale populaire (ANP), “digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), et à son Haut Commandement”, en particulier le général de Corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’ANP, ainsi qu’aux autres corps de sécurité qui ont “géré la situation avec sagesse et clairvoyance et veillé à la protection absolue du Hirak”.Concernant ses priorités en tant que président de la République, M. Tebboune a affirmé que, sur le plan politique, il compte opérer une “profonde réforme” de la Constitution à laquelle seront associés des universitaires, des intellectuels, des spécialistes et des membres de la communauté nationale établie à l’étranger. Parmi les autres priorités, figure également la révision de la Loi électorale, a-t-il ajouté, en affirmant qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouveau parti ou mouvement politique.M. Tebboune a reconnu que la constitution d’un nouveau gouvernement est une tâche “très difficile”, assurant que le peuple algérien sera “surpris” par la nomination de nouveaux jeunes ministres “ne dépassant pas les 26 et 27 ans». Il a affirmé que “la Loi relative à la lutte contre la corruption sera maintenue”, soulignant que la “grâce présidentielle ne touchera pas les personnes impliquées dans des affaires de corruption». Le Président élu a assuré, dans le même ordre d’idées, que “la lutte contre la corruption et les corrompus se poursuivra». Concernant la presse et les médias, M. Tebboune a déclaré qu’il était pour la liberté de la presse “jusqu’au bout”, tout en relevant qu’il combattrait “rigoureusement” toutes les formes de diffamation et d’insulte. Sur le volet de la politique étrangère du pays, le Président élu a dit être “très sensible lorsqu’il est question de souveraineté nationale”, soulignant que “nul ne peut prétendre avoir de tutelle sur l’Algérie”. Rappelant que la politique extérieure de l’Algérie reposait sur “le principe de réciprocité”, il a affirmé que l’Algérie est “un pays pivot” au niveau africain, méditerranéen et arabe. Interrogé sur les relations avec le Maroc et le dossier des frontières, fermées depuis 1994, M. Tebboune les a qualifiés d'”extrêmement sensible”. “Des circonstances ont conduit à cette situation. La résolution du problème dépend de l’élimination de ces causes”, a déclaré M. Tebboune, rappelant, dans ce cadre, les bonnes relations liant les deux peuples, algérien et marocain. A une question sur la position du président français Emmanuel Macron vis-à-vis de son élection à la tête du pays, il a répliqué : “Je ne réponds pas au président français et ne reconnais que le peuple algérien”. Parmi les engagements prévus dans le programme de M. Tebboune, “une large révision de la Constitution, une reformulation du cadre juridique des élections, un renforcement de la bonne gouvernance à travers la séparation du monde des affaires de la politique, et une mise en place de mécanismes garantissant la probité des fonctionnaires publics». Outre “une réforme globale de la Justice, de l’organisation territoriale et de la gestion de l’administration locale”, le raffermissement de la démocratie participative figure également parmi les engagements du candidat. A travers son programme, M. Tebboune s’engage, par ailleurs, à “édifier une société civile libre et active en mesure d’assumer sa responsabilité en tant que contre-pouvoir, mettre en application un plan d’action au profit des jeunes régi par un cadre réglementaire incluant des mesures permettant de transmettre le flambeau à la jeunesse, et à consolider les composantes de l’identité nationale, à savoir: l’islam, l’arabité et l’amazighité”. Au volet économique, il vise “l’application d’une nouvelle politique de développement hors-hydrocarbures, la substitution des produits importés par d’autres locaux en vue de préserver les réserves de change, la promotion des start-up et le renforcement du rôle économique des collectivités locales dans le développement et la diversification de l’économie nationale”. “Une amélioration du climat des affaires, l’encouragement de l’investissement notamment extérieur direct” sont aussi prévus dans ce programme. Les volets défense et la politique étrangère n’étant pas en reste, M. Tebboune promet de “mettre l’industrie militaire au service de la sécurité et de la défense nationales, et en faveur du développement économique, et s’employer à la révision des objectifs et des missions classiques de la diplomatie algérienne”, tout en veillant à “la promotion la participation de la communauté nationale à l’étranger dans le renouveau national”.
Le président élu Tebboune fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille
Le président élu, Abdelmadjid Tebboune, a placé la lutte contre la corruption parmi ses priorités, en s’engageant à lutter “rigoureusement” contre ce fléau, à assainir le pays de ses résidus et à poursuivre la traduction en justice de “la bande qui a pillé l’argent public”. Il a affirmé, d’emblée, après son élection, que “la loi relative à la lutte contre la corruption sera maintenue”, soulignant que la “grâce présidentielle ne touchera pas les personnes impliquées dans des affaires de corruption». Dans son programme et durant sa campagne électoral, M. Tebboune avait fait part, à maintes reprises, de son engagement pour l'”éradication de la corruption et la poursuite en justice des personnes impliquées dans le détournement des deniers publics”, ainsi que de mettre un terme à l’emprise de l’argent sale sur la politique. Dénonçant le phénomène de “détournement de deniers publics et la détérioration du niveau de vie des citoyens”, il a fait part, aussi, de son engagement à poursuivre l’opération d'”assainissement” de la situation, à savoir la lutte contre la corruption et toutes les formes de dilapidation des deniers publics, ainsi que la “récupération des fonds volés”.M. Tebboune a fait savoir, à ce propos, “connaitre” les lieux de placement de ces fonds volés qui permettront une fois rapatriés de couvrir une grande partie des dépenses programmées dans son programme électoral. Pour lui, “la guerre contre la corruption sera poursuivie” et les fonds transférés illégalement seront “récupérés”, du moment, a-t-il souligné, qu’il existe des mécanismes pour le faire. L’élection présidentielle du 12 décembre intervient dans un contexte marqué par la lutte contre la corruption qui cible d’anciens hauts responsables du pays. La semaine ayant précédé le scrutin a vu la justice prononcer des peines allant jusqu’à 20 ans de prison ferme, assorties d’amendes oscillant entre 100.000 et 2 millions DA, à l’encontre, notamment, des deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia (15 ans de prison) et Abdelmalek Sellal (12 ans).Il s’agit également d’anciens ministres et hommes d’affaires impliqués dans l’affaire de montage automobile ayant causé une perte de plus de 128 milliards de DA au Trésor public, et du financement occulte de la campagne électorale de l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Pour rappel, Abdelmadjid Tebboune a remporté l’élection présidentielle avec 58,15% des voix exprimées, devançant les quatre autres candidats, en l’occurrence Abdelkader Bengrina (17,38%) des voix, Ali Benflis (10,55%), Azzedine Mihoubi (7,26%),et Abdelaziz Belaid (6,66 %).
HM