Face aux développements de situation en Libye : L’Algérie sur le, qui vive

Le nouveau président de la République Abdelmadjid Tebboune est manifestement très préoccupé après la mort surprise du chef d’état-major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah et les nouveaux développements de la situation en Libye. Au moment où il s’apprêtait à former son gouvernement, le locataire du Palais de El Mouradia a appris le décès du vice-ministre de la Défense nationale. Du Coup, il a décidé – circonstance oblige- de reporter ultérieurement l’annonce de la composante de son gouvernement. Outre la disparition de Gaïd Salah, Abdelmadjid Tebboune serait également mis à rude épreuve compte tenu de la situation des plus inquiétantes qui prévaut en Libye. C’est pourquoi il a d’ailleurs convoqué, jeudi, une réunion du Haut conseil de sécurité, la première depuis pratiquement neuf ans. En effet, le Haut conseil de sécurité ne se réunit généralement que si la sécurité et la stabilité du pays sont menacées. Cette réunion a , faut-il le souligner, débouché sur la prise de mesures urgentes en faveur de la sécurisation des frontières du pays avec la Libye et le Mali sans pour autant préciser la nature de ces mesures. Ont assisté à la réunion Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée par intérim, Sabri Boukadoum, Premier ministre par intérim, Belkacem Zeghmati, ministre de la Justice, Kamel Beldjoud, ministre de l’Intérieur par intérim, Noureddine Ayadi, directeur de cabinet de la présidence de la République, Khelifa Ounissi, directeur général de la Sûreté nationale et Abderrahmane Arar, commandant de la Gendarmerie nationale (GN). «Le Haut Conseil de Sécurité a examiné la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali et décidé d’une batterie de mesures à prendre pour la protection de nos frontières et notre territoire national et la redynamisation du rôle de l’Algérie au plan international, particulièrement en ce qui concerne ces deux dossiers, et de manière générale dans le Sahel, la région saharienne et l’Afrique», a indiqué un communiqué de la présidence de la République. Ce qu’il faut retenir dans ce communiqué c’est plutôt l’expression portant «redynamisation du rôle de l’Algérie au plan international». Une orientation à laquelle aucune des institutions de l’Etat –sous Bouteflika- n’a fait allusion. Est-ce là une dérogation à la doctrine diplomatique algérienne qui repose sur la non-ingérence dans les affaires internes des Etats? Ou bien la nature et la spécificité de la conjoncture impliquent-elles les autorités algériennes à modifier cette doctrine de sorte de mieux sécuriser les frontières du pays?.Certains observateurs soutiennent que le repli sur soi de la « Issaba » – en dépit de plusieurs défis auxquels fait face le pays- s’explique étrangement par l’article de la Constitution interdisant toute intervention de l’Armée algérienne en dehors des frontières du pays. Un justificatif mis en avant par les autorités du pays pour rejeter la demande insistante de la France à ce que l’Algérie y participe à la guerre au Mali. Une position qui a suscité l’admiration de l’opinion publique. Mais généraliser cette attitude à d’autres cas différents, comme la crise en Libye, a fait perdre à l’Algérie sa position en tant que force régionale et incontournable de l’Afrique du nord et du Moyen-Orient.
Son silence a affecté sérieusement les intérêts de l’Algérie en Libye et a laissé place à d’autres pays voisins et des petits pays lointains, y compris la France coloniale de s’ingérer dans la question libyenne. Rappelons que le gouvernement libyen -reconnu par la communauté internationale et dirigé par Fayez Sarraj- n’a de cesse de demander à l’Algérie de se ranger du côté de la légitimité internationale et de soutenir le gouvernement central libyen, et ce depuis l’annonce du général à la retraite, Khalifa Haftar, soutenu quant à lui par la France, l’Égypte, les Emirats arabes unis et la Russie, il y a huit mois, de sa campagne militaire pour prendre le contrôle de la capitale Tripoli. Il est utile de rappeler que l’Algérie avait exprimé par la voix du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, sa plus retentissante position après l’offensive menée par Haftar contre Tripoli, en appelant à l’arrêt immédiat de la guerre en Libye, affirmant que l’Algérie n’acceptera pas et ne restera pas indifférente face au bombardement d’une capitale d’un pays du Maghreb arabe.