Dispositions de la loi de finances 2020 : La nouvelle conjoncture politique favorisée par la stabilité politique

Depuis quelque temps, des conférences sur les dispositions de la loi de finances 2020 sont organisées dans plusieurs wilayas. «Nous dialoguons avec les entreprises, le milieu des affaires et les universitaires pour trouver les meilleurs moyens d’appliquer les dispositions fiscales de la présente loi de finances», dira Abderrahmane Benkhalfa, ex-ministre des Finances.«Nous profitons de la nouvelle conjoncture politique pour encourager et accompagner le milieu des affaires à occuper le sentier des valeurs ajoutées, notamment dans les secteurs porteurs comme l’agroalimentaire et les services», a-t-il ajouté. Pour relancer l’économie locale, il préconise «l’organisation d’une conférence nationale sur les réformes économiques avant le mois de Ramadhan prochain». «L’économie a besoin des efforts des pouvoirs publics et des entreprises. Plus d’un million de PME et de PMI tentent de changer leur stratégie avec les opportunités qui s’offrent à elles avec la suppression de la règle 51-49%», souligne-t-il. Pour Benkhalfa, «il y a une dynamique nouvelle que les entreprises devraient saisir, d’autant plus que la transition de 2019 à 2020 encourage le milieu des affaires et l’extension des entreprises, toutes filières confondues». Pour lui, «les petites entreprises, élément fondamental dans la transformation d’une économie, et le développement du PIB ont besoin de facilités fiscales». L’année commence, renchérit-il, «sous de bons auspices avec une transition qui a procuré une légitimité et une crédibilité aux institutions politiques qui vont produire un effet positif dans le milieu des affaires». Toutefois, la conjoncture actuelle fait que certaines entreprises sont en difficulté et se voient contraintes de «libérer» leur personnel. Une question qui devrait faire partie des priorités du gouvernement qui est appelé à engager de grandes réformes en matière d’investissement, de révision du régime de change, de fiscalité, de modernisation bancaire. Pour le patronat, le problème des entreprises est surtout réglementaire. «En 2018, on a interdit l’importation de la téléphonie mobile en produit fini, obligeant les importateurs à s’orienter vers le montage CKD, SKD. Les opérateurs économiques ont suivi volontairement la nouvelle stratégie de l’Etat en investissant dans le montage du SKD, notamment», rappelle avec une pointe de regret Abdelhak Bousbia, Pdg du groupe ABD Invest spécialisé dans le conditionnement et l’exportation de produits agricoles et le montage du matériel informatique. «A leur grande surprise, la loi de finances 2020 a mis sur un pied d’égalité l’importateur du produit fini et l’investisseur dans le SKD, puisque le droit de douane est désormais de 30% pour les deux», poursuit Bousbia. Selon lui, «il est inutile d’encourager le SKD sans avantages douaniers». «Cette situation pourrait même encourager la contrebande.» «Augmenter le droit de douane de la téléphonie mobile de 5 à 30% plus 19% de tva fait que le produit fabriqué localement devient plus cher. Ce qui laisse une large marge de manœuvre à la contrebande et décourage les opérateurs économiques à investir», explique-t-il. Le Pdg d’ABD Invest appelle, dès lors, à une stabilité des lois qui devront, dit-il, «être élaborées en consultation avec les opérateurs économiques pour une durée d’au moins cinq ans».