Les propositions d’Infantino pour l’Afrique sont elles réalisables ?

Les propositions faites par le président de la Fifa, Gianni Infantino, lors du dernier séminaire de la CAF au Maroc, concernant les compétitions africaines et dont la presse internationale a fait largement écho, sont perspicaces et intéressantes à plus d’un titre.Ce n’est pas parce qu’elles émanent d’un « étranger » à l’Afrique qu’on doit les rejeter en bloc. Il faut s’ouvrir au monde et accepter des avis d’où qu’ils viennent surtout s’ils permettent de faire évoluer les choses. On n’a pas de complexe à se faire à ce sujet. Par ailleurs, Infantino en tant que premier responsable du football mondial, a tout à fait le droit de suggérer des changements sans que cela soit assimilé à une immixtion ou une ingérence dans les affaires internes de la CAF. Surtout si la Fifa s’engage à les accompagner financièrement, comme il semble être le cas. Après, le dernier mot revient aux Africains. Cela dit, le président de la Fifa a évoqué trois aspects importants et sensibles qui ont de tout temps constitué un véritable frein à l’évolution du football africain. Il s’agit du manque d’infrastructures modernes, l’arbitrage et le calendrier des compétitions. Il a d’ailleurs axé sa stratégie sur trois axes primordiaux à savoir « l’arbitrage, les investissements et le développement des compétitions pour accroître la compétitivité du football africain à l’échelle planétaire », comme il l’a mentionné sur le site officiel de la Fifa.Le premier point auquel il tient énormément est l’organisation de la CAN tous les quatre ans au lieu de tous les deux ans, actuellement. Il faut rappeler qu’Infantino n’est pas le premier à faire cette proposition. Des voix en Afrique l’ont déjà suggérée sans qu’elles soient entendues. « La CAN génère vingt fois moins de bénéfices que l’Euro. Avoir une CAN tous les deux ans, est-ce bien sur le plan commercial ? Cela a-t-il permis de développer les infrastructures ? Pensez à l’organiser tous les quatre ans », a argué le patron de la Fifa devant les représentants des fédérations africaines présents à Rabat. N’occultant pas les pertes éventuelles occasionnées en cas de passage d’une périodicité de 2 à 4 ans pour la CAN, il ajoutera : « On s’occupe de ça et, si on travaille ensemble, on ne va pas seulement doubler les revenus de la CAN, mais on va les multiplier par quatre ou par six en présentant un produit pas seulement à l’Afrique, mais au monde ». Un projet très ambitieux en somme comme celui de la création d’une nouvelle compétition de clubs panafricaine. Une super League composée de 20 équipes permanentes qui disposeraient chacune d’une infrastructure moderne dont l’édification sera à la charge de son institution. En effet, la Fifa compte octroyer un milliard de dollars à chacune des 54 Fédérations, membres de la CAF, « pour financer des infrastructures durables sur le Continent ». Cela en « mobilisant un ensemble de partenaires ».Enfin, l’arbitrage, le talon d’Achille du football africain, n’est pas en reste. Infantino souhaite le professionnaliser. « Nous allons en retenir 20 parmi les meilleurs arbitres africains de la Fifa et en faire des professionnels, en leur donnant des contrats permanents. Ils doivent être les gardiens de notre jeu et nous devons les protéger en les rendant totalement autonomes », a-t-il proposé. Il faut dire que les arbitres africains n’ont pas une bonne réputation. Leur nom est souvent confondu avec corruption. C’est un secret de polichinelle.Reste à savoir si ces recommandations puissent concrètement se réaliser sur le terrain. Certains observateurs craignent en effet que ce soit juste un discours pré électoral de la part du président de la Fifa, lui permettant de briguer un second mandat. D’autres pensent qu’elles sont utopiques.Dans tous les cas, Infantino a mis le doigt sur des sujets sensibles. Si on veut élever le niveau du football africain, on doit sérieusement les prendre en charge. L’Algérie en tant que puissance footballistique doit s’‘investir et s’impliquer davantage, pour ne pas rater le train.
Ali Nezlioui

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