Consensus autour de la nécessité d’aller vers des énergies renouvelables

Face à l’épuisement des ressources énergétiques conventionnelles et l’augmentation de la demande interne en énergie, le gouvernement table de plus en plus sur le développement des énergies renouvelables.
Dans leurs récentes sorties publiques, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar et son collègue chargé des énergies renouvelables, Chamseddine Chitour, ont lancé des appels pour l’utilisation des énergies renouvelables et remplacer progressivement les énergies conventionnelles. Parce que les « besoins énergétiques du pays d’ici à 2030 seront en deçà des prévisions du plan de développement du groupe public », le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar a recondamné, à la société nationale Sonelgaz de « baisser le nombre de projets destinés à relever la capacité de production d’électricité à partir du gaz naturel et investir dans les énergies renouvelables ». Le ministre avait estimé, récemment, qu’une nouvelle loi sur l’électricité revêt une « grande importance pour la réussite de la transition énergétique, l’accélération de l’introduction des énergies renouvelables, l’encouragement des investissements et la diversification de l’exploitation des ressources ».
Il indiquera qu’il « est temps de revoir notre modèle énergétique qui semble dépassé ». Ce modèle, a-t-il poursuivi, « préconisait d’exporter au maximum des hydrocarbures dans l’objectif de transformer les revenus en investissements productifs ». Et, de noter : « Nous pensions qu’il suffisait d’acheter et de construire pour reproduire. Malheureusement, la vitesse d’évolution du progrès a été très élevée, et nous n’avions pas eu la capacité de supporter une recherche-développement pour atténuer cette accélération qui continue à provoquer des pertes de plus en plus lourdes de nos talents. »
De son coté, le ministre chargé des énergies renouvelables, Chamsedine Chitour, a indiqué récemment que le schéma de consommation actuel de l’énergie était dépassé. « L’Algérie consomme 800 millions m3 de gaz naturel par semaine ». Cela pose, à son sens, « un vrai problème, puisqu’à ce rythme et en termes de production d’électricité, on consomme environ 40 milliards m3 par an, sachant qu’un milliard de m3 de gaz équivaut à 300 millions de dollars ». Le schéma actuel met le pays devant un véritable dilemme, explique-t-il. A l’horizon 2030, « on aura un sérieux problème. Soit on consomme soit on exporte, notre énergie ». « Le pétrole et le gaz vont disparaître », a rappelé le ministre, précisant qu’« on ne peut pas continuer avec les voitures thermiques, il y a un train à prendre celui de la révolution électrique ».
Pourtant, cette solution peut être largement dépassée. Des spécialistes rappellent les énormes capacités du pays en terme d’énergies renouvelables. L’Algérie est « probablement le pays Africain et Méditerranéen qui dispose du potentiel d’énergies renouvelables le plus important à l’échelle régionale. Il est aussi le pays qui peut mobiliser le plus de ressources humaines et financières pour développer cette immense disponibilité, pour peu que la volonté politique soit clairement exprimée et, surtout suivie d’effets », écrit l’expert Nordine Grim dans une contribution sur le sujet. Il ajoutera que « Le pays dispose d’un large éventail d’énergies renouvelables, mais c’est le solaire qui est le plus à la portée des investisseurs, qui maîtrisent de mieux en mieux les coûts, l’évolution de la technologie et, bien entendu, les données du marché ». Pour illustrer son propos, il affirme que l’Algérie est en effet « l’un des plus importants gisements d’énergie solaire au monde avec une durée d’insolation de 2.000 à 3.900 heures par an, et une irradiation journalière de 3.000 à 6.000 Wh/M2, soit l’équivalent de 10 fois la consommation mondiale ». Mais pour l’heure, cette richesse n’est toujours pas exploitée !
Saïd Sadia